Ce jeudi 8 mai 2025, nous étions convié·e·s à commémorer le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Oullins-Pierre-Bénite a fêté « la victoire du 8 mai 1945 », avec une double-commémoration aux deux monuments aux morts d’Oullins et de Pierre-Bénite, suite à la fusion de nos communes.
Contrairement à l’an passé, les discours officiels n’ont pas fait référence à Jeanne d’Arc ou Napoléon, figures d’autres périodes de l’histoire, anachroniques dans une telle commémoration. Les témoignages de la conseillère déléguée au devoir de mémoire et des élèves du Lycée des Chassagnes furent très émouvants. Revenus d’un voyage mémoriel dans les camps de la mort, Ils ont rappelé l’horreur du génocide nazi. Les élèves du Collège Marcel Pagnol ont lu des lettres de prisonniers de la prison Montluc à Lyon où transitèrent des milliers de résistants, dont Jean Moulin, Marc Bloch, les enfants d’Izieu.
La nouveauté, à Oullins du moins, fut le défilé de véhicules militaires d’époque, incluant un char d’assaut, avec la participation des élu·e·s municipaux. Jérôme Moroge, debout dans une jeep, imitait le Général de Gaulle saluant Paris lors de sa libération. Ce spectacle, bien que rassembleur, soulève une question : que souhaite-t-on transmettre en faisant défiler un char d’assaut dans nos rues ? Quelle mémoire célèbre-t-on vraiment lors de cette parade militaire festive ?
On peut par ailleurs regretter l’absence de référence à la grève du 13 octobre 1942 dans les ateliers SNCF d’Oullins, rassemblant 3 000 cheminots contre la réquisition pour le travail forcé en Allemagne. Ce mouvement de résistance ouvrier fut l’un des plus importants de cette époque en France. Cet oubli est d’autant plus surprenant qu’il concerne l’histoire locale.
De même, aucune mention n’a été faite de nos jumelages avec les villes allemandes de Nürtingen et Markkleeberg, et italiennes de Pescia et Boville Ernica. Le 8 mai 1945 marque non seulement la victoire contre le nazisme et le fascisme, mais aussi le début de la coopération en Europe. Dans un contexte où les discours nationalistes et de repli sur soi se multiplient, rappelons l’importance de ce message d’unité et de paix.
Depuis plus de trois ans, le monde est le théâtre de conflits meurtriers – en Ukraine, au Moyen-Orient, au Soudan… Nos institutions internationales, héritières de la Seconde Guerre mondiale, semblent impuissantes face à ce nouvel ordre mondial où seuls les rapports de force comptent, alimentés par des nationalismes exacerbés.
Nous pensons que les commémorations du 8 mai, qui doivent célébrer la fin du conflit le plus meurtrier de l’histoire de l’humanité, doivent aussi être l’occasion de célébrer l’Europe et la paix. Plutôt que d’exacerber des sentiments va-t-en-guerre, il est de notre responsabilité de rappeler que la paix et la fraternité entre les peuples doivent redevenir une priorité absolue.
La mémoire que nous devons commémorer est celle de la fin de la guerre, la fin de la haine entre les peuples. La mémoire que nous devons honorer est celle des victimes, résistant.e.s et combattant.e.s de France et d’ailleurs, dont le sacrifice et l’engagement nous permettent de vivre dans un pays en paix et sans char dans nos rues.